Ronsard à Médan

Pernelle PERDRIER – fille d’Henri PERDRIER qui fit reconstruire le manoir seigneurial en 1494 – apporte en mariage la terre de Médan à Jean BRINON, fils du seigneur de Villennes.
Leur fils Jean BRINON, deuxième du nom, descendant d’une double lignée d’hommes de robe et de financiers, recueillit de grands biens.

Formé aux belles lettres par son maître Louis Chesneau dit « QUERCULUS », Jean BRINON d’une générosité excessive avec ses amis les poètes de la Pléiade organisait pour eux fêtes et divertissements. Médan et Villennes étaient alors le cadre de parties de chasse où se retrouvaient RONSARD, JODELLE, DORAT, du BELLAY et beaucoup d’autres…

« …. et là, trouvant infinis arguments nouveaux y firent sonnets, odes et épigrammes grecs, latins et françoys en la louange de celui qui les a conduits et de ses nymphes. » (extrait de « l’Histoire de la nature des Oyseaux » de Pierre BELON publiée en 1555). Le savant naturaliste y fait une relation pittoresque d’un voyage à Médan et Villennes des poètes de ce temps.

Mais la chasse n’était souvent qu’un prétexte et au cours de ces premières « soirées de Médan » la licence prenait souvent le relais de la poésie…

RONSARD, à qui BRINON avait offert en témoignage de singulière amitié successivement, une verre de Venise, une statue de Bacchus, des armes et un magnifique chien, lui dédia en retour l’Elégie du verre, l’Hymne de Bacchus, un poème sur les armes, sur la chasse, …

L’un de ceux-ci est particulièrement attachant car il a été écrit à Médan au cours de l’un des séjours du poète,  » le Hous, à Jehan Brinon « . En 267 vers de sept pieds, RONSARD célèbre son hôte à travers l’allégorie de ce bel arbuste qui peuple naturellement encore aujourd’hui le coteau de Médan :

Mais oui sans plus je veux dire
En ces vers, d’un stile dous
Le nouveau blason d’un Hous
Non de ces hous solitaires
Battus des vents ordinaires
Mais en tout temps de rosée
Sois ta perruque arrosée,
Et de la manne du ciel
Et toujours la mousche à miel
Mesnage au creux de ta souche
Un fruit digne de la bouche
Mais bien d’un Hous domestique
Qui pare en toute saison
Le jardin et la maison
De Brinon, qui dès enfance
Mena les Muses en France,
Et les osant devancer
Premier les mena dancer
De ton maistre bien-heureux.
Jamais le temps rigoreux
Ne te livre à la vieillesse,
Mais hous, puisses-tu sans cesse
Vivre en autant de renom
Que ton possesseur Brinon

Les largesses de BRINON finirent par le ruiner. A peine âgé de trente six ans, il mourut en 1555 et ses amis les poètes escortèrent sa dépouille mortelle qu’il ornèrent de poèmes et épitaphes en vers grecs, latins et français, constituant un  » tombeau littéraire « , conservé de nos jours à la bibliothèque Mazarine, à Paris.

Ne vois-tu pas hier Brinon
Parlant et faisant bonne chère
Lequel aujourd’hui n’est sinon
Qu’un peu de poudre en une bière
Qui de lui n’a rien que le nom ?
                                    Pierre de RONSARD